Le 20 novembre se tenait une réunion publique pour célébrer le 120éme anniversaire de la loi de 1905 au centre Fourneyron du Puy en Velay. Celle-ci était à l’appel de 60 citoyennes et citoyens du département, aux engagements divers, rassemblés à l’initiative de la Libre Pensée et avait reçu le soutien du PCF, de la France Insoumise, de RESF, de Force Ouvrière, du POI, de la REV…

C’est Philippe BESSON membre du Conseil International de l’Association Internationale de la Libre Pensée qui a introduit le débat. «J’avais participé à une réunion du même type en 1984 ici au Puy, avec Raymond DECHIRON, conseiller général PCF, Alain THONNAT, responsable de la tendance Ecole Emancipée de la FEN, mon ami Roland THONNAT de l’OCI et Julien LARGERON, responsable de l’Union Départementale FO, c’est avec plaisir que je reviens. »

Il a expliqué dans son propos la filiation et l’universalité de la séparation de l’église et de l’Etat, garantissant une liberté absolue de conscience dès la déclaration d’indépendance des Etats Unis d’Amérique, la grande révolution française en 1794, la commune de Paris en 1871, la Russie en 1918 mais aussi au Portugal, en Pologne ou dans la Turquie d’Ata Turk…

En France, la liberté de conscience est garantie par l’article 1 de la loi. C’est la stricte séparation des Eglises et de l’Etat : « La République de ne reconnaît, ne subventionne, ni ne salarie aucun culte ». Au delà de la question financière, c’est avant tout la liberté de croire ou de ne pas croire sans aucune intrusion de l’Etat qui est garantie. L’orateur a expliqué comment cette notion s’était imposée pour permettre le « vivre ensemble » de différentes communautés aux histoires et origines différentes. Il s’en est pris à ceux qui aujourd’hui font croire, à des fins politiques, que la « Laïcité » serait une idéologie pour mettre à l’index nos concitoyens musulmans. « Il s’agit de tenter de diviser, de morceler le peuple en imposant une religion d’Etat dominante ce qui est à l’inverse des principes établis en 1905».

Paulette MALARTRE au nom de la fédération de la Libre Pensée a complété en dressant un catalogue non exhaustif des entorses à la loi de 1905 dans le département qui coûtent aux contribuables : financement des collèges privés pour des montants supérieurs aux collèges publics, mobilisation de la légion étrangère pour protéger la procession du 15 août d’un prétendu risque islamiste ou de la gendarmerie pour protéger l’érection d’une croix catholique sur un domaine privé. « Les interpellations du Préfet sont restées lettre morte sauf lorsque nous avons protesté contre le financement public d’une statue religieuse à Espaly. On nous a sorti une loi de Vichy ! »

Les questions furent très riches dans l’assistance : liberté religieuse, liberté de conscience, statut concordataire d’Alsace-Moselle, sectes, religions et endoctrinement, différence entre laïcité et anticléricalisme…

Laurent JOHANNY conseiller municipal d’opposition au PUY (Génération·s) a indiqué : « la municipalité a toujours financé, pour 2 à 300 000 € la scolarisation des enfants de maternelle privée, sans y être obligée. Mr Blanquer a maintenant mis cette charge aux communes en étendant l’obligation scolaire dès 3 ans. C’est un nouveau moyen de financer l’école privée. » Bruno GOLEO, syndicaliste FO dans les écoles est allé dans le même sens : « l’inspectrice d’académie de l’époque, Mme AUBRY avait salué cette mesure et s’était autorisée à dire que l’école privée est aussi l’école de la République sans être contredite par le Préfet . Son prédécesseur, Mr SEMERARO, n’avait pas fait mieux. Il refusait de comptabiliser les enfants de 2 ans pour fermer des classes dans le public, ce qui faisait le jeu de l’école privée qui, elle, était financée pour les accueillir ! »

Laurent BERNE responsable départemental de la FNEC-FP FO a indiqué le combat depuis toujours de sa fédération pour l’abrogation de toutes les lois anti laïques, au premier rang desquelles la loi Debré et l’attachement au principe : « fonds publics à l’école publique, fonds privés à l’école privée ». Benoît Bacle, du POI, a affirmé que loi séparatisme et la loi de 1905 sont incompatibles puisque la première vise à séparer les citoyens de confession musulmane de la République.

Naziha BOUACHMIR, candidate LFI à la mairie du PUY a remercié la Libre Pensée de son intervention lorsque la mairie du Puy prétendait interdire à des jeunes filles de fréquenter le centre de loisirs de Guitard parce qu’elles portaient un voile, intervention qui a porté ses fruits. « Pour moi la laïcité c’était une loi qui interdisait d’afficher sa religion publiquement. C’était la loi des interdits. J’ai enfin compris pourquoi un tel attachement : la laïcité c’est la liberté ! C’est grâce à elle que nous pouvons tous vivre ensemble, que nous sommes tous traités sur un même pied d’égalité quelque soit notre religion ou notre orientation sexuelle. Il faut défendre la loi de 1905. »

Guy THONNAT, militant laïque de longue date a rappelé que la défense de cette loi a été un long combat en particulier parce que ceux qui étaient censé la défendre y ont renoncé dès 1981. Il a rappelé qu’un meeting laïque s’était tenu en 1984 pour défendre la laïcité scolaire menacée tout à la fois par le maintien des lois anti-laïques que par les lois de décentralisation tendant à morceler l’enseignement public en établissements autonomes. Il a rappelé que, en Haute-Loire, dès 1976 le Syndicat National des Instituteurs avait appelé à ne pas mettre en place les Conseils d’Ecole. Il est fier de faire partie de ceux qui ont assuré la continuité de ce combat qui garde aujourd’hui tout son sens.

Pascal SAMOUTH, président du groupe Jules Vallès de la Libre Pensée du Puy, a conclu : « Il est particulièrement scandaleux de voir tous ceux qui ont toujours défendu l’école privée catholique, à droite et à l’extrême droite et au gouvernement, enfourcher le cheval de la laïcité pour s’en prendre à nos concitoyens musulmans. Et ils sont rejoints en cela par les dirigeants de la fausse gauche qui en leur temps ont trahi la laïcité. Nous ne les laisserons pas diviser le peuple. Aujourd’hui nous avons pu débattre, nous avons montré que la laïcité reste le ciment, malgré nos différences, pour celles et ceux qui veulent rester fidèles à ce combat séculaire du mouvement ouvrier et de la démocratie parce que l’école laïque, c’est d’abord l’école qui permet à tous les enfants du peuple d’accéder à la connaissance ! Je ne doute pas que nous nous retrouverons à chaque fois qu’il faudra défendre la loi de 1905

Source : Communiqué de presse / Libre Pensée

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